Le 18 janvier 2020, une bagarre de quelques secondes a suffi à fissurer la façade d’un pays. En cinquante secondes, la vie de Fernando Báez Sosa, étudiant de 18 ans, s’est arrêtée sur le trottoir d’une station balnéaire argentine. Mais ces cinquante secondes, filmées, partagées, disséquées, ont ouvert un débat bien plus large — sur la brutalité, l’impunité, et la manière dont une société regarde la violence lorsqu’elle devient spectacle.
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C’est ce temps suspendu que Netflix explore dans la mini-série 50 secondes : L’affaire Fernando Báez Sosa, réalisée par Martín Rocca et produite par Fábula. À travers des images d’archives, des témoignages inédits et la lecture d’extraits de journaux intimes, la série revient sur une tragédie devenue miroir social, entre mémoire intime et conscience collective.
Un drame national exposé en direct
Cette nuit-là, à Villa Gesell, station balnéaire de la province de Buenos Aires, Fernando sort danser avec ses amis. Devant la boîte de nuit Le Brique, un groupe de jeunes joueurs de rugby le prend pour cible. L’agression est brève — cinquante secondes d’une violence inouïe, captées par des téléphones portables et diffusées dès le lendemain sur les chaînes nationales.
Ce que montre le documentaire, c’est la bascule d’un drame en phénomène médiatique total : les micros tendus, les débats télévisés, l’opinion qui juge avant la justice. L’événement se transforme en miroir d’une jeunesse argentine fracturée, oscillant entre privilège et frustration, entre culte de la force et perte de repères.
Donner la parole à ceux qui ont survécu
Rocca choisit de ne pas reproduire le voyeurisme qui a entouré l’affaire. Son approche repose sur la retenue et la reconstruction, à travers les témoignages de Douglas, le frère de Fernando, de son amie Grazieli Oliveira, mais aussi de journalistes et d’agents de police présents sur les lieux.
Certains parlent pour la première fois. Tous évoquent la sidération, la lenteur du deuil, et le poids de l’exposition médiatique. Ce travail de mémoire, inscrit dans la tradition du docu-récit latino-américain, tente de réparer par la parole ce que la société a abîmé par le silence et la violence.
La justice face à l’émotion collective
En mars 2024, le verdict tombe : cinq condamnations à perpétuité et trois peines de 15 ans de prison. Pour beaucoup, c’est une victoire tardive, mais nécessaire. Pour d’autres, la plaie reste ouverte — symbole d’un pays où les fractures sociales et raciales persistent derrière les discours d’unité.
La série ne cherche pas à réécrire les faits : elle interroge plutôt ce qu’ils révèlent. Comment un groupe de jeunes issus d’un milieu aisé en vient à tuer un camarade sans autre raison que la violence gratuite ? Comment la justice et les médias se comportent lorsqu’une affaire devient un drame national ?
50 secondes de chaos, des années de réflexion
Avec 50 secondes : L’affaire Fernando Báez Sosa, Netflix signe un documentaire aussi sobre que nécessaire, qui évite le sensationnalisme pour mieux laisser place aux silences, aux visages, aux archives. C’est un film sur la mémoire immédiate, sur la manière dont une société digère ses propres démons à travers l’écran.
Parce que ces cinquante secondes ne racontent pas seulement une mort : elles questionnent la banalisation de la violence, la fascination pour le choc, et la lente disparition de l’empathie.
Informations clés
Titre original : 50 Segundos: El Caso Fernando Báez Sosa
Réalisé par : Martín Rocca
Production : Fábula
Pays : Argentine
Genre : Série documentaire, société
Date de sortie : le vendredi 13 novembre 2025 sur Netflix
Durée : 4 épisodes





