Après avoir raconté les errements de la vingtaine avec Girls, Lena Dunham s’attaque à une nouvelle décennie et à un autre continent avec Too Much, sa première série pour Netflix. Attendue le 10 juillet 2025, cette comédie romantique britannique co-créée avec son mari Luis Felber (qui en signe également la bande-son) transpose les codes du genre dans un Londres mélancolique et post-pandémique.
Au cœur du récit, une trentenaire new-yorkaise paumée, Jessica, incarnée par Megan Stalter (Hacks), qui s’exile à Londres après une rupture brutale, espérant y trouver une paix intérieure qu’elle n’a jamais connue. Très vite, cette tentative de repli littéraire vire à l’imprévu lorsqu’elle rencontre Felix, un musicien lunaire interprété par Will Sharpe (The White Lotus), qui incarne une masculinité fragile, excentrique et chaotique – un personnage à mille lieues du romantisme de Hugh Grant.
Dunham injecte dans Too Much ce qu’elle sait faire de mieux : des dialogues incisifs, un humour à froid, et une galerie de personnages borderline qui disent tout haut ce que d’autres séries taisent encore. Le résultat ? Un anti-Emily in Paris aussi grinçant que touchant, entre rejet du romantisme idéalisé et quête maladroite de rédemption émotionnelle.
Une comédie romantique qui grince plus qu’elle ne console
Loin d’offrir des “rom-com vibes” classiques, Too Much revendique un ancrage plus brut, presque documentaire, dans la psyché d’une génération en crise. Jessica ne fuit pas simplement un ex, elle tente d’échapper à un schéma affectif où le drame est devenu routine. À Londres, elle projette une version fantasmée d’elle-même, mais la réalité la rattrape très vite : solitude persistante, absurdités culturelles entre américains et britanniques, déceptions sentimentales.
Felix, de son côté, n’est pas le prince charmant qu’elle attendait – plutôt un miroir déformant, une énigme affective. Loin des archétypes masculins policés, il est décrit comme “moins Notting Hill, plus coloc alcoolisé de Notting Hill”, selon Lena Dunham elle-même. La série refuse la linéarité : les hauts et les bas s’enchaînent sans cadence attendue, comme dans une vraie relation.
Un casting transatlantique généreux et iconoclaste
Too Much s’appuie sur un casting étonnamment dense, presque cinématographique. Megan Stalter, dont la performance se distingue par un mélange d’instabilité émotionnelle et de mordant comique, forme avec Will Sharpe un duo aussi improbable qu’émouvant. Autour d’eux gravitent plusieurs figures du cinéma et des séries :
Naomi Watts, Adèle Exarchopoulos, Emily Ratajkowski, Adwoa Aboah
Michael Zegen (Mrs. Maisel), Stephen Fry, Rita Wilson, Rhea Perlman
Andrew Rannells, Daisy Bevan, Dean-Charles Chapman, et même Jennifer Saunders et Kit Harington en guest
On devine derrière cette distribution éclatée la volonté de Dunham de construire un monde foisonnant, riche en collisions sociales, culturelles et affectives. Chaque personnage secondaire vient perturber la trajectoire de Jessica, accentuant l’idée que l’amour, ou sa recherche, est une expérience collective autant qu’intime.
Pourquoi cette série pourrait marquer l’été 2025
À mi-chemin entre la confession introspective et la satire culturelle, Too Much pourrait devenir la série de l’été pour celles et ceux qui se reconnaissent dans les hésitations affectives des trentenaires. Netflix n’en fait pas un étendard commercial massif, mais plutôt une proposition singulière – résolument adulte, transatlantique et en clair-obscur.
En bousculant les attendus du genre, en installant une tension permanente entre malaise et tendresse, et en misant sur un couple central vulnérable mais crédible, Lena Dunham signe une œuvre aussi désordonnée que profondément honnête. À découvrir à partir du 10 juillet 2025, en intégralité sur Netflix.