On croyait le film de zombies épuisé, recyclé jusqu’à la moelle. C’était sans compter sur Michel Hazanavicius, qui s’en empare pour en faire une comédie méta aussi sanglante que tendre envers le cinéma. « Coupez ! », sorti en salles en 2022, arrive demain sur Netflix, et son atterrissage dans le catalogue du N rouge devrait ravir tous ceux qui aiment les coulisses du tournage autant que les faux tripes sur le plancher.

Un remake qui ne se contente pas de copier

Le film est l’adaptation libre du japonais « Ne coupez pas ! » (One Cut of the Dead, 2017) de Shin’ichirō Ueda, petit phénomène du cinéma indépendant nippon. Hazanavicius — à qui l’on doit OSS 117 et The Artist — s’approprie ce dispositif malin (un film dans le film dans le film) pour en tirer une déclaration d’amour à la création, bricolée mais sincère.

Son récit se déploie en trois temps : un tournage de film de zombies calamiteux, la préparation du projet, puis les coulisses chaotiques du direct. Ce jeu de poupées russes vire peu à peu à la farce absurde où les ratés deviennent des miracles de cinéma.

 

Romain Duris, Bérénice Bejo et une troupe en roue libre

Dans ce délire tourné caméra à l’épaule, Romain Duris campe un réalisateur au bord de la crise de nerfs, Bérénice Bejo une maquilleuse survoltée, Grégory Gadebois un cadreur alcoolisé, et Raphaël Quenard un ingénieur du son catastrophique.

Le tout filmé dans une énergie quasi théâtrale, comme une troupe qui joue à la fois son film et ses échecs, dans une joyeuse mise en abyme où la panique devient moteur comique. Derrière le chaos, on sent l’affection du réalisateur pour les artisans de plateau, les petites mains et les ratés qui font la magie du cinéma.

Entre série Z et hommage à la passion du cinéma

Sous ses airs de pastiche, Coupez ! est avant tout une comédie sur l’improvisation, la débrouille et l’ego des artistes. Là où d’autres se contenteraient du clin d’œil, Hazanavicius en fait une ode à la joie collective : celle d’un tournage qui s’écroule mais finit par tenir debout, porté par la foi en l’image.

Même les scènes les plus grotesques — caméra qui tombe, comédiens perdus, sang trop rouge — se révèlent comme des preuves d’amour à un art toujours en train de se réinventer.

Un film bancal, vivant, et follement humain

Présenté en ouverture du Festival de Cannes 2022, Coupez ! avait divisé la critique : certains saluaient sa liberté et sa tendresse, d’autres son côté foutraque. Mais c’est justement là que réside son charme : un film imparfait mais habité, qui ne cherche pas la perfection mais le plaisir de faire.

Avec son humour absurde, sa mise en scène énergique et sa bande originale signée Alexandre Desplat, Coupez ! s’impose comme une petite fête du cinéma artisanal — celle qu’on aime retrouver, même les doigts pleins de faux sang.

À voir dès le 22 octobre 2025 sur Netflix