Après La sagesse de la pieuvre, Netflix retourne sous l’eau, mais cette fois-ci, pas pour observer un mollusque méditatif. Le 30 juin, la plateforme met en ligne En paix avec les requins, un documentaire signé par James Reed (Oscar en poche), J.P. Stiles et Harrison Macks, qui plonge dans les eaux troubles d’une militante devenue phénomène viral : Ocean Ramsey.
Son nom semble tout droit sorti d’un roman écologique. Sa démarche, elle, déchire autant qu’elle intrigue. Loin d’un manifeste scientifique classique, En paix avec les requins explore une figure devenue aussi polémique que populaire, en exposant les lignes de tension entre biologie marine, influence numérique et storytelling écologique.
Océan, requins et algorithmes
Ocean Ramsey nage avec les requins. Littéralement. Sans cage, sans armure, et souvent en bikini, dans une chorégraphie qui frôle l’allégorie… ou la provocation, selon d’où on regarde. Si ses vidéos Instagram déclenchent des millions de vues, elles soulèvent aussi une avalanche de questions. Peut-on défendre les requins en les touchant ? Est-ce qu’on parle d’activisme ou de mise en scène ? À quel moment la visibilité brouille-t-elle le message ?
Le documentaire, tourné entre Hawaï, l’Afrique du Sud et la Floride, ne cherche pas à trancher. Il regarde. Il suit Ocean et son partenaire vidéaste Juan Oliphant, analyse leur stratégie, écoute leurs critiques, filme aussi les moments de doute, de conflit, de fatigue. Ce n’est pas un portrait flatteur, mais une tentative de cadrer ce que signifie militer en 2025, quand on doit composer avec les algorithmes aussi bien qu’avec les requins.
Un dispositif qui questionne autant qu’il expose
Produire un film sur une personne qui produit ses propres images est un exercice risqué. Mais Reed (déjà connu pour son approche sensible et ambivalente avec My Octopus Teacher) évite la sanctification. En paix avec les requins ne se contente pas de suivre Ocean dans ses plongées millimétrées. Il interroge les mises en scène, convoque des biologistes marins, des militants écologistes indigènes, des spécialistes des réseaux sociaux. Il donne aussi la parole à ceux qui la critiquent frontalement.
Le résultat : une mosaïque de points de vue qui ne cache rien de la fascination qu’elle exerce, ni de l’inconfort qu’elle provoque.
Entre science et spectaculaire
Le documentaire ne parle pas que de requins. Il parle surtout de notre manière de les raconter. Et de se raconter, aussi.
Ocean Ramsey répète à l’écran ce qu’elle professe depuis dix ans : “Les requins ne sont pas les monstres qu’on croit. Ils sont menacés. Et ils méritent qu’on les protège.” Un discours simple, parfois trop. D’autant que les chiffres donnent raison à l’urgence : plus de 100 millions de requins sont tués chaque année, et leur disparition déséquilibrerait un écosystème déjà fragilisé (70 % de l’oxygène de l’air que nous respirons est produit par l’océan).
Mais que faire quand les moyens pour alerter flirtent avec le spectaculaire ? Quand l’activisme se transforme en récit calibré pour les stories Instagram ? Ce sont ces contradictions que le film creuse, sans didactisme ni sarcasme. Il y a des silences, des ralentis, des moments où l’océan devient un miroir trouble, plus que le décor d’un grand frisson.
À retenir
Titre | En paix avec les requins |
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Date de sortie | 30 juin 2025 |
Plateforme | Netflix (mondial) |
Réalisation | James Reed, J.P. Stiles, Harrison Macks |
Personnalité principale | Ocean Ramsey |
Thématiques | Activisme, éthique, mise en scène, écologie marine |
Durée | 1h32 |