Dans l’atmosphère verrouillée de Brick, où chaque silence semble peser autant que les murs qui enferment ses personnages, une présence détonne : celle de Ruby O. Fee, dont le regard trace une faille dans le béton du huis clos. Interprète d’Olivia, figure ambivalente et vulnérable, elle aimante l’attention dans ce thriller SF qui grimpe dans le top Netflix. L’occasion de s’arrêter un instant sur une actrice à la trajectoire européenne, instinctive et libre, que ce film pourrait bien faire basculer dans une nouvelle lumière.

Un itinéraire multiculturel singulier

Ruby Moonstone Camilla Willow Fee, née le 7 février 1996 à San José (Costa Rica), baigne dès l’enfance dans plusieurs cultures. Élevée au Costa Rica, au Brésil puis à Berlin, elle devient polyglotte et garde de cette diversité une curiosité intacte — un atout « pour traverser des personnages dans des époques ou des lieux qu’on ne peut toucher autrement » confiait-elle à Rose & Ivy Journal.

Formée à la Béla Bartók Music School, elle débute à 12 ans en série jeunesse (Allein gegen die Zeit), avant de franchir les frontières de l’âge adulte avec des rôles hautement contrastés : de l’intensité historique (Tatort, Womb) à la comédie familiale (Bibi & Tina), en passant par des incursions américaines (Polar, Army of Thieves).

Une présence affirmée dans Brick

Dans ce thriller géométrique, Ruby incarne Olivia, enfermée dans un appartement scellé par un mur noir impénétrable. Le film, réalisé par Philip Koch, met en scène Tim et Olivia en couple en crise, confrontés à l’inexplicable. Les critiques saluent sa capacité à transmettre la vulnérabilité et la détermination, que ce soit dans sa relation complexe avec Tim ou face au désarroi collectif .

 

 

Ce que révèle sa carrière en amont

Avant Brick, Ruby a montré une palette riche : de la violence sous-jacente dans The Invisibles (2017) à la froideur stylisée de Polar (2019), en passant par un rôle-clé dans Army of Thieves (2021), sous la direction de son compagnon Matthias Schweighöfer — un lien personnel autant que professionnel.

Distinguée en Allemagne par plusieurs distinctions dès 2014 (Jupiter, Goldener Spatz), elle s’est imposée jeune comme une voix de l’autonomie féminine et créatrice dans le cinéma européen.

Au-delà de l’écran : une envie de création

Plus qu’une simple comédienne, elle agit. Ruby vient de lancer sa propre boîte de production, porteur d’un projet de narration plus contrôlé. Elle confiait à Rose & Ivy Journal qu’elle voulait « écrire, diriger, produire les personnages dans lesquels elle se reconnaît ». Une démarche rare et précieuse à 29 ans.