Chaque pays a son mythe de bandit insaisissable, mélange de légende populaire et de miroir social. En Thaïlande, ce nom résonne comme un mythe : Tee Yai, figure hors-la-loi des années 1970, héros tragique et symbole d’une époque trouble.
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Le 13 novembre, Netflix dévoilera Tee Yai: Born to Be Bad, réalisé par le cinéaste culte Nonzee Nimibutr, qui revisite l’histoire de ce fugitif aussi redouté qu’admiré, interprété par Apo Nattawin Wattanagitiphat, star montante du cinéma thaïlandais.
Un retour aux sources du mythe
Dans les années 70, Tee Yai — inspiré d’un criminel réel devenu figure de folklore — était un nom que l’on murmurait autant qu’on redoutait. Le film replace son parcours dans son contexte : une Thaïlande en mutation, entre pauvreté rurale, corruption policière et fascination pour les figures rebelles.
Mais Nonzee Nimibutr, connu pour ses fresques historiques (Dang Bireley’s and Young Gangsters, Jan Dara), ne cherche pas à mythifier son héros. Il s’intéresse à l’homme derrière la légende, à ce que signifie vivre en marge dans une société qui glorifie et condamne à la fois la transgression.
« On a souvent dit que Tee Yai échappait à la police grâce à la magie », explique le réalisateur.
« Moi, je pense qu’il devait sa survie à la loyauté, à ses amis et à l’instinct. Je voulais raconter cette histoire d’hommes liés par la fraternité et la peur. »
Une fresque d’amitié et de trahison
Tee Yai: Born to Be Bad met en scène la relation complexe entre Tee, le hors-la-loi impulsif, et Rerk (interprété par Most Wisarut Himmarat), son compagnon d’armes plus réfléchi. Ensemble, ils forment un duo de braqueurs légendaires, naviguant entre survie et gloire clandestine.
Mais leur équilibre se fissure avec l’arrivée de Dao (Kao Supassara Thanachat), une jeune femme dont l’amour pousse Rerk à envisager une autre vie — une trahison silencieuse pour Tee, qui ne connaît que la fuite.
Face à eux, l’implacable inspecteur Jakarat (Joke Akarin Akaranitimaytharatt) les traque sans relâche. La frontière entre justicier et criminel devient alors aussi trouble que la ligne morale des personnages eux-mêmes.
Un film d’époque, entre réalisme et mélancolie
Nonzee Nimibutr recrée avec minutie la Thaïlande des années 1970 : les ruelles moites, les affiches peintes à la main, les motos poussiéreuses et les bars enfumés où les hors-la-loi deviennent des légendes locales.
Loin du spectaculaire pur, le film s’attache aux détails humains — les gestes, les silences, la peur constante d’être retrouvé.

Le réalisateur s’appuie sur un casting solide, mêlant figures établies et jeunes talents : Cris Horwang, Nont Sadanont Durongkavarojana, Foei Patara Eksangkul et Bront Palarae. Tous contribuent à cette atmosphère tendue, où le temps semble suspendu entre la violence et la nostalgie d’une liberté perdue.
La réinvention d’un symbole national
Plus qu’un film de gangster, Tee Yai: Born to Be Bad s’inscrit dans une tradition culturelle thaïlandaise qui interroge le rapport à la justice et à la fatalité. Tee Yai y apparaît à la fois comme un héros romantique et un produit de son époque, tiraillé entre la loyauté et le chaos. Ce récit de loyauté masculine, de marginalité et de rédemption impossible fait écho à des figures universelles : un Bonnie & Clyde tropical, un Scarface bouddhiste, un Robin des bois sans illusion.
Fiche technique
Titre original : Tee Yai: Born to Be Bad
Réalisation : Nonzee Nimibutr
Scénario : Nonzee Nimibutr & équipe
Avec : Apo Nattawin Wattanagitiphat, Most Wisarut Himmarat, Kao Supassara Thanachat, Joke Akarin Akaranitimaytharatt, Cris Horwang, Bront Palarae
Pays d’origine : Thaïlande
Genre : Action, drame criminel
Sortie : 13 novembre 2025 sur Netflix
Une légende ressuscitée
Tee Yai: Born to Be Bad ne cherche pas à redorer le mythe, mais à comprendre comment il s’est construit — à travers les amitiés, les fuites et les trahisons d’un homme né du chaos.
C’est l’histoire d’un pays et d’une génération racontée à travers celle d’un fugitif, témoin d’un monde où la morale et la survie ne marchent jamais ensemble.





