Entre chronique pop et opéra baroque du réel, la mini-série espagnole « Une superstar », disponible dès aujourd’hui sur Netflix, propose un retour fulgurant sur l’univers médiatique déjanté de la fin des années 90 et du début 2000. Aux manettes, un trio explosif : Nacho Vigalondo à la création, Claudia Costafreda à la réalisation, et surtout les Javis (Javier Calvo & Javier Ambrossi) à la production. Autant dire que cette incursion dans le “tamarisme” — cet âge d’or improbable où Tamara, devenue Ámbar puis Yurena, règne sur les écrans — ne ressemble à rien de ce que Netflix a produit jusqu’ici.

Une mythologie pop réhabilitée

Tamara, figure tragique de la télévision spectacle, a longtemps été le sujet de moqueries. Avec « Une superstar », elle devient matière narrative, poétique, politique. On revisite la célébrité à travers une comète télévisuelle qui bouscule les normes de genre, d’esthétique et de notoriété. Aux côtés de Yurena gravitent d’autres étoiles du chaos télévisuel : Leonardo Dantés, Paco Porras, Tony Genil et Loly Álvarez, tous rescapés d’un espace-temps où la télévision espagnole jouait avec les limites du grotesque — et parfois du sublime.

 

Un casting hors normes

  • Ingrid García‑Jonsson prête ses traits à Tamara/Yurena, incarnant l’icône pop devenue symbole queer et disco divà 

  • Secun de la Rosa offre un portrait, à double facette de Leonardo Dantés : à la fois showman flamboyant et homme insaisissable dans l’intimité.

  • Carlos Areces, en Paco Porras, incarne le voyant fou traduisant l’avenir avec des fruits et légumes — une performance humanisante, selon ses propres mots

  • Le reste du casting s’agrippe à la pop-psychedelia des 2000 : Natalia de Molina (Loly Álvarez), Pepón Nieto (Tony Genil), Rocío Ibáñez (Margarita Seisdedos) et Julián Villagrán (Arlekín) complètent ce tableau flamboyant

Une proposition artistique radicale

Nacho Vigalondo, connu pour ses films à la frontière de l’absurde et de la science-fiction (Colossal, Timecrimes), offre ici son projet le plus personnel. Il explique vouloir “humaniser ceux que la télé a souvent réduits à des monstres”. Claudia Costafreda, déjà remarquée pour Cardo, co-réalise avec une attention particulière portée aux corps, aux textures télévisuelles et à la frontière poreuse entre réalité et fiction.

Les Javis, de leur côté, prolongent leur geste politique de Veneno : rendre justice à celles et ceux que le système médiatique a instrumentalisés, puis jetés. Avec Une superstar, ils rejouent le grand cirque du kitsch télé, mais à la lumière d’une relecture queer, poétique et critique.

Un hommage à une Espagne parallèle

« Une superstar » n’est pas seulement une série biographique. C’est un conte baroque sur une Espagne qui s’est regardée dans un miroir déformant, et qui, entre Tómbola et Crónicas Marcianas, a laissé surgir une mythologie improbable. Celle des freaks, des marginaux, des improbables devenus cultes. Ce que Netflix propose ici, c’est une entrée dans un panthéon parallèle — celui des idoles maltraitées, mais inoubliables.

Un docu en accompagnement 

À ses côtés sort également un documentaire intitulé Je suis toujours une Superstar, qui offre une version sans filtre de l’histoire — avec des archives, des interviews et la voix de Yurena elle-même, revenant sur sa gloire, ses chutes, et ses années de harcèlement médiatique

À savoir

  • Titre : Une superstar (Superestar)

  • Format : Mini-série de 6 épisodes

  • Sortie : 18 juillet 2025 sur Netflix

  • Langue : Espagnol (VOSTFR disponible)

  • Créateurs : Nacho Vigalondo, Claudia Costafreda

  • Production : Suma Content (Les Javis)

  • Public cible : amateurs de culture télé, de récits queer, de mythes populaires revisités