Depuis son arrivée sur Netflix, Indociles (Wayward en version originale) ne cesse de grimper dans le classement et occupe déjà la 2e place du Top 10 France. Mais face à ce récit de jeunes envoyés dans un centre de réhabilitation aux allures de secte, une question se pose : la série est-elle inspirée de faits réels ?
Une fiction nourrie par des expériences vécues
La réponse est nuancée. Tall Pines, l’institut fictif au cœur de Wayward, n’existe pas. Mais Mae Martin, créateur·ice de la série (et interprète de l’inspectrice Alex), s’est inspiré·e de témoignages bien réels. Dans une interview accordée à Netflix Tudum, iel raconte avoir grandi comme “ado à problèmes” dans les années 2000. Son amie Nicole, envoyée à 16 ans dans un de ces centres pour adolescents jugés difficiles, lui a transmis un vécu qui l’a profondément marqué·e. Nicole a même travaillé comme consultante sur la série, tout comme un ancien élève d’une de ces institutions, présent dans la salle des scénaristes.
Les origines troubles d’une industrie lucrative
Si l’académie de Tall Pines est inventée, ses méthodes s’inspirent directement des “troubled teen programs”, ces établissements américains très controversés. Derrière les discours de discipline et de thérapie, beaucoup ont été accusés de pratiques abusives, allant du lavage de cerveau à des violences physiques.
Mae Martin explique avoir découvert que le mouvement Synanon, une secte d’auto-aide fondée à Los Angeles dans les années 1970, avait largement influencé la naissance de cette industrie. Synanon pratiquait notamment le Synanon Game, une thérapie de groupe brutale où les participants devaient s’invectiver avant de s’étreindre. Une mécanique reprise dans Wayward à travers la scène de la “Hot Seat therapy”.
Des échos dans d’autres récits et documentaires
Le sujet des centres pour ados rebelles a déjà été traité dans plusieurs documentaires et fictions :
Hell Camp: Teen Nightmare (Netflix) explore la brutalité de ces programmes.
This Is Paris, le documentaire de Paris Hilton, révèle comment l’héritière a été enlevée adolescente pour être placée dans un établissement de ce type dans l’Utah.
The Nickel Boys (2024), adapté du roman de Colson Whitehead, revient sur l’histoire réelle de la Dozier School for Boys en Floride, fermée après avoir été accusée de maltraitances massives.
Ces parallèles renforcent l’ancrage réaliste de Indociles, même si la série opte pour une mise en scène plus stylisée, entre thriller et drame psychologique.
Fiction, mais pas fantaisie
Indociles n’est pas une reconstitution documentaire, mais son univers tire directement des dérives bien documentées d’institutions américaines. Mae Martin et son équipe ont volontairement “exagéré” certains traits pour en faire un thriller, tout en restant proches de la réalité de centaines de jeunes qui ont vécu des expériences similaires.