La mise en ligne des trois premières saisons de Mr Mercedes sur Netflix ramène dans la conversation une série jusque-là confidentielle en France. L’adaptation de David E. Kelley, longtemps cantonnée à Audience Network puis à StarzPlay, circule désormais auprès d’un public sensiblement plus large. L’occasion de revenir sur ce thriller méthodique, tiré de la trilogie de Stephen King, qui explore l’obsession, la violence ordinaire et la frontière trouble entre justice et hantise personnelle.

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Une adaptation pensée pour durer

Créée par David E. Kelley (Big Little Lies, Ally McBeal) et réalisée en grande partie par Jack Bender, Mr Mercedes couvre les trois romans de la trilogie : Mr Mercedes, Carnets noirs et Fin de ronde. Kelley s’empare des thèmes de King avec une approche moins spectaculaire que celle des adaptations horrifiques habituelles : l’enjeu n’est pas le surnaturel, mais la persistance du mal dans le quotidien.

 

Diffusée initialement entre 2017 et 2019 sur Audience Network (États-Unis), puis récupérée par Peacock après la fermeture de la chaîne, la série compte 30 épisodes de 45 minutes. En France, elle était jusqu’ici accessible via StarzPlay ; Netflix en propose désormais l’intégralité des trois saisons, ce qui constitue sa première exposition massive sur une plateforme dominante.

Hodges contre Hartsfield : un duel psychologique

Le récit s’ouvre sur un attentat inédit : un homme écrase volontairement une file de candidats à l’embauche à bord d’une Mercedes. Deux ans plus tard, l’enquête stagne et Bill Hodges (Brendan Gleeson), désormais retraité, rumine son incapacité à arrêter le meurtrier. L’agresseur, Brady Hartsfield (Harry Treadaway), reprend contact avec lui, lançant un jeu de piste malsain où l’obsession devient moteur central.

La série repose sur le face-à-face entre ces deux figures. Gleeson incarne un policier usé, rongé par la culpabilité, tandis que Treadaway compose un tueur méthodique, emprisonné dans un quotidien instable et une relation toxique avec sa mère (Kelly Lynch). Le duo forme l’un des axes les plus solides du récit.

Une progression en trois temps

Chaque saison adapte fidèlement l’un des romans de la trilogie, ce qui explique la variation sensible des tonalités :

Saison 1 – Mr Mercedes (2017)

Une enquête policière classique, centrée sur l’obsession et la reconstruction personnelle. Le récit suit les échanges entre Hodges et Brady, jusqu’à un affrontement final annoncé dès le pilote.

Saison 2 – Fin de ronde (2018)

Kelley et Bender s’aventurent dans un registre plus hybride, lié au matériau original de King : la question de l’influence mentale et des dérives technologiques prend de l’importance.

Saison 3 – Carnets noirs (2019)

Changement de dynamique : l’intrigue tourne autour d’un meurtre lié à un écrivain célèbre (Bruce Dern) et d’un vol de manuscrits. Hodges poursuit son travail d’enquêteur, mais le ton devient plus proche du roman noir.

Une série qui s’appuie sur son casting

Outre Gleeson et Treadaway, Mr Mercedes peut compter sur Justine Lupe (Holly Gibney), Breeda Wool, Jharrel Jerome, Holland Taylor ou encore Scott Lawrence. Plusieurs interprètes rejoignent ensuite la série : Jack Huston et Tessa Ferrer en saison 2, puis Kate Mulgrew et Brett Gelman en saison 3.

Le personnage de Holly Gibney, créé par King, deviendra d’ailleurs central dans d’autres œuvres de l’auteur, notamment The Outsider.

Diffusion : où voir quoi ?

Netflix propose aujourd’hui les trois saisons complètes, ce qui correspond à :

  • Saison 1 (2017) – 10 épisodes

  • Saison 2 (2018) – 10 épisodes

  • Saison 3 (2019) – 10 épisodes

Aucun épisode supplémentaire n’a été produit depuis la fermeture d’Audience Network en 2020.

Une œuvre tardivement visible

Avec son arrivée sur Netflix, Mr Mercedes trouve enfin une plateforme à la hauteur de son potentiel d’audience. La série offre un exemple rare d’adaptation fidèle mais non illustrative d’un livre de Stephen King : elle privilégie la lenteur, la décomposition psychologique et les trajectoires brisées. Sa mise en ligne intégrale devrait lui permettre d’être redécouverte hors du cercle des abonnés historiques de StarzPlay ou Peacock.