Avec Mononoke, le film : Chapitre II – Les cendres de la rage, Netflix prolonge en août sa trilogie animée la plus ésotérique

Il y a des œuvres qui ne cherchent pas à séduire le plus grand nombre, mais à tracer une ligne droite entre l’inquiétude, la beauté et la dissonance. Mononoke : Un fantôme sous la pluie, sorti en novembre 2024 sur Netflix, en faisait partie. Lentement devenu culte malgré une indifférence initiale du grand public, ce premier volet avait prolongé l’aura baroque et cérébrale de la série animée de 2007 en posant le décor d’un monde où l’exorcisme tient davantage du travail philosophique que de la chasse au démon. Le deuxième chapitre, Les cendres de la rage, débarque le 14 août 2025, avec le même refus des codes faciles et une promesse : creuser le mythe, quitte à s’y brûler les doigts.

Retour à l’Ōoku : quand la vérité brûle les corps

Le Medicine Seller revient. Ce personnage énigmatique, toujours incarné par Hiroshi Kamiya, n’a pas fini de naviguer entre les désirs cachés, les tensions politiques et les malédictions collectives. Cette fois, il entre dans l’enceinte secrète de l’Ōoku — les appartements des concubines impériales — juste après le chaos du premier film. L’atmosphère s’est tendue : Otomo Botan, nouvelle directrice stricte et réformatrice, affronte les rancunes larvées de Fuki, ancienne favorite de l’empereur. Pendant ce temps, une série de combustions humaines spontanées plonge le lieu dans un climat de terreur sacrée.

Le Mononoke soupçonné n’a ni visage ni intention claire : il évolue en meute, semble guidé par une douleur maternelle, et prend feu. Littéralement. L’enquête du Medicine Seller, toujours fondée sur la triple exigence de Forme, Vérité et Raison, se transforme ici en plongée dans la violence des institutions, des castes et des maternités sacrifiées. C’est un conte politique, déguisé en récit surnaturel.

Animation hallucinée et tragédie feutrée

Aux commandes de ce deuxième film, Kiyotaka Suzuki (à la réalisation) et Kenji Nakamura (direction générale) poursuivent leur entreprise visuelle de dislocation. Les studios Crew-Cell et EOTA livrent un travail d’animation à la fois raffiné et dérangeant, où les corps s’effacent, les textures se brouillent et les flammes semblent gratter les contours de l’image. Le décor de l’Ōoku devient un théâtre d’ombres et de tensions internes, saturé d’étiquettes, de normes sociales et de violence contenue.

La musique, le design sonore, le jeu sur les respirations et les silences renforcent un climat de suffocation aristocratique, où chaque regard compte plus que les mots. Ce n’est pas un film d’horreur classique, ni un thriller. C’est une tragédie poétique codée, une exploration de ce que le pouvoir fait aux femmes, aux enfants, et à ceux qui restent pour “apaiser” les monstres au lieu de les combattre.

Un deuxième volet plus âpre, plus politique

Si le premier film abordait la perte, la mélancolie et le secret, The Ashes of Rage bascule vers la colère froide, le pouvoir étouffant et les sacrifices qu’il exige. La figure du Mononoke prend une nouvelle ampleur : le surnaturel devient le langage des douleurs que le réel refuse d’entendre. La structure de la cour impériale japonaise sert ici de métaphore glaçante des rapports de force contemporains.

Le film a été présenté à l’Annecy Festival 2025, salué pour son ambition formelle et sa densité narrative. Il a également eu droit à une sortie en salle au Japon en mars 2025, se hissant en 6e place du box-office à son lancement — un score supérieur à celui du premier volet.

En attendant le chapitre III

Prévu pour le deuxième trimestre 2026, le troisième et dernier opus de la trilogie est déjà en développement. On ne sait pas encore si Netflix le distribuera, mais après avoir porté les deux premiers, il y a fort à parier que la plateforme ira jusqu’au bout.

Quand sortira le deuxième volet ? 

Mononoke : The Ashes of Rage sera disponible le 14 août dans le catalogue Netflix. Ce n’est pas un film pour “passer une bonne soirée”. C’est une proposition esthétique et narrative qui demande de la disponibilité, de l’attention, peut-être un certain malaise. Mais dans le paysage animé standardisé, c’est justement ce qui le rend nécessaire.

Fiche technique du film