Le 10 octobre, Netflix mettra en ligne Propre, un film venu du Chili déjà remarqué au Festival de Saint-Sébastien. Inspiré du roman Limpia (Swim To Me en anglais) d’Alia Trabucco Zerán, ce drame familial signé Dominga Sotomayor s’inscrit dans la lignée d’un cinéma latino-américain qui observe les rapports de pouvoir intimes, sans les lisser ni les condamner.

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Entre affection et contrôle

Propre raconte l’histoire d’Estela (María Paz Grandjean), une employée de maison dévouée au service d’une famille aisée de Santiago. Jour et nuit, elle veille sur la petite Amanda, six ans, qu’elle nourrit, habille, endort et protège — parfois contre les absences de ses parents. Peu à peu, cette relation de soin se transforme en un espace de dépendance mutuelle, fait d’affection, de secret et d’un pouvoir que ni l’une ni l’autre ne maîtrise.

 

Sotomayor filme cette proximité comme une tension : celle d’une tendresse qui franchit la limite du devoir, et d’un attachement qui révèle les fractures sociales du pays.  

Une œuvre née d’un regard littéraire et social

L’œuvre d’Alia Trabucco Zerán, dont le livre est à l’origine du scénario, a souvent exploré la mémoire, la maternité et les hiérarchies invisibles du quotidien. En adaptant son roman, Dominga Sotomayor et la coscénariste Gabriela Larralde transposent cette relation intime en un miroir social, où la domesticité devient le théâtre d’une domination historique : celle des femmes pauvres au service des foyers privilégiés.

La réalisatrice confiait à San Sebastián que Propre cherchait à “réactualiser la notion de travail domestique en Amérique latine” — non pas comme un simple emploi, mais comme un lien émotionnel souvent non réciproque. Ce regard humaniste et inquiet s’inscrit dans la continuité du cinéma de la société Fabula (les frères Pablo et Juan de Dios Larraín), déjà à l’origine de Une femme fantastique ou El Conde.

Esthétique et production : une signature chilienne forte

Tourné avec la directrice de la photographie Bárbara Álvarez, le film baigne dans une lumière organique, presque moite, où chaque reflet de cuisine ou ombre de couloir dit quelque chose de l’enfermement d’Estela. Le montage de Federico Rotstein et la musique minimale de Carlos Cabezas participent à cette sensation d’étouffement silencieux.

Aux côtés de María Paz Grandjean, on retrouve Rosa Puga Vittini, impressionnante dans le rôle de la fillette, ainsi qu’Ignacia Baeza Hidalgo et Benjamín Westfall.

Une sortie Netflix sous le signe de l’intime

Présenté en ouverture de la section Horizontes Latinos à San Sebastián, Propre a été salué pour son approche lente, quasi sensorielle, du lien entre classe, maternité et corps. Il sera disponible dans le monde entier sur Netflix à partir du 10 octobre 2025, après une courte sortie en salles au Chili.