Il suffit parfois d’un mot oublié, d’un pli froissé, d’un timbre jauni pour que le présent vacille. Avec Les lettres du passé, mini-série turque attendue le 23 juillet sur Netflix, les fantômes de l’adolescence refont surface à travers un dispositif à la fois simple et déstabilisant : des lettres écrites par des lycéens en 2003, retrouvées et remises à leurs auteurs vingt ans plus tard. Une fiction qui se construit comme un boomerang émotionnel, sans jamais sombrer dans la nostalgie molle ou les automatismes de la série chorale.
Une correspondance oubliée, un passé qui revient au galop
Tout commence dans un lycée stambouliote en 2003. Fatma Ayar, professeure de littérature, invite ses élèves à rédiger une lettre adressée à leur “moi du futur”, dans le cadre de l’opération « Lettres du passé » lancée par la poste turque. Deux décennies plus tard, c’est sa propre fille, Elif, qui découvre par hasard les lettres scellées et décide de les renvoyer à leurs auteurs. De quoi ouvrir une boîte de Pandore, où regrets enfouis, amours avortés et trahisons tues reprennent vie.
Le pitch pourrait évoquer une mécanique à la 13 Reasons Why, mais la réalisation de Cenk Ertürk choisit un autre tempo. On est ici dans une série feuilletée, où le silence pèse plus lourd que les grands discours, et où chaque épisode redonne de la voix à un passé laissé en friche. Le dispositif narratif évite la linéarité : les lettres n’éclairent pas seulement des souvenirs personnels, elles agitent aussi le présent d’Elif, dont le propre passé familial se fissure au fil des révélations.
Une distribution solide et intergénérationnelle
À l’écran, une constellation d’acteurs confirmés et de jeunes visages dessine une galerie de personnages marqués par les fractures du temps. Gökçe Bahadır, Onur Tuna, Selin Yeninci, Saygın Soysal ou encore Pelin Karahan apportent nuance et complexité à cette fresque humaine. Mention spéciale à Güneş Şensoy, révélée dans Mustang, qui apporte une intensité lumineuse aux scènes centrées sur la jeunesse.
La série brille aussi par la finesse de son écriture, signée Rana Denizer, qui creuse les thématiques de l’oubli choisi, des promesses non tenues et de ce que l’on renonce à devenir. Le tout soutenu par une mise en scène sobre et sensible, servie par la production rigoureuse d’O3 Medya.
Infos pratiques
Date de sortie : 23 juillet 2025
Pays : Turquie
Format : Mini-série (nombre d’épisodes non précisé)
Réalisateur : Cenk Ertürk
Scénario : Rana Denizer
Production : O3 Medya
Producteur exécutif : Saner Ayar
Casting principal : Gökçe Bahadır, Onur Tuna, Selin Yeninci, Güneş Şensoy, Saygın Soysal, Pelin Karahan, Feridun Düzağaç (guest star)