Dans Une nature sauvage (Untamed), la nouvelle mini-série Netflix disponible depuis le 17 juillet, Eric Bana incarne un enquêteur brisé, mutique et profondément humain, aux prises avec un crime enfoui dans les grands espaces de Yosemite. Une performance aussi sobre que tranchante, qui marque le retour discret mais significatif d’un acteur trop souvent sous-estimé dans les radars hollywoodiens. Retour sur une trajectoire singulière, entre superproduction, polar australien et thriller conjugal.

D’humoriste australien à super-héros contrarié

Avant d’incarner Kyle Turner, l’agent de l’ISB dans Une nature sauvage, Eric Bana a connu un parcours atypique. Originaire de Melbourne, il débute sa carrière dans les années 90 comme comique télévisé, puis se fait remarquer dans le drame australien Chopper (2000), où il campe le criminel Mark “Chopper” Read. Sa transformation physique et son jeu habité séduisent immédiatement Hollywood.

C’est cette performance qui attire l’attention de Ridley Scott, qui lui offre un rôle dans Black Hawk Down (2001), suivi par l’explosion médiatique avec Hulk (Ang Lee, 2003). Ce film, pourtant attendu comme le lancement d’une franchise, divise le public et freine momentanément l’envol de Bana dans le paysage blockbuster.

Le virage vers les drames psychologiques

Plutôt que de capitaliser sur les superproductions, Eric Bana bifurque vers des choix plus personnels. Il tourne sous la direction de Steven Spielberg (Munich, 2005), interprète L’Autre Femme du Roi (2008), puis multiplie les rôles dans des thrillers ou des drames au ton plus feutré : The Time Traveler’s Wife, Closed Circuit, ou encore The Dry (2020), adaptation d’un polar rural australien qui préfigure son rôle dans Une nature sauvage.

Dirty John, le rôle qui a relancé sa présence sur les écrans

En 2018, Eric Bana fait un retour remarqué à la télévision avec Dirty John, une série basée sur un fait divers glaçant : il y incarne John Meehan, séducteur toxique et manipulateur notoire, dans une performance glaçante. La série, diffusée sur Bravo puis sur Netflix, séduit un large public international.

Son interprétation, tout en ambiguïté et en tension contenue, redonne à Bana une visibilité forte dans l’univers du true crime et prouve sa capacité à jouer des figures troubles sans jamais tomber dans la caricature.

Une nature sauvage, un retour à l’essentiel

Dans Une nature sauvage, Bana campe un personnage à l’opposé de Dirty John : Kyle Turner est un homme fatigué, marqué par la perte et le silence. Loin des grandes déclarations, il agit, observe, se heurte à la violence du monde et à celle de la nature. Le décor du parc de Yosemite (en réalité tourné en Colombie-Britannique) devient un miroir de ses failles, et le récit creuse dans les interstices : les non-dits, les traumatismes passés, la solitude des hommes abîmés.

 

Ce rôle, tout en retenue, confirme une chose : Eric Bana excelle dans les personnages ambigus, tiraillés, humains — et profondément solitaires. Il n’a pas besoin de scènes spectaculaires pour s’imposer à l’écran ; sa force réside dans le silence, le regard, la présence.

Une carrière en marge du système

S’il n’a pas connu le même parcours qu’un Hugh Jackman ou un Russell Crowe, Eric Bana s’est construit une filmographie plus discrète, mais aussi plus cohérente. Il revient souvent à ses racines australiennes, évite les franchises à répétition, privilégie les rôles d’hommes ordinaires plongés dans l’extraordinaire.

Avec Une nature sauvage, il trouve probablement l’un de ses rôles les plus aboutis depuis Munich : un personnage à la fois brut et nuancé, qui traverse un monde instable en quête de vérité — et de paix intérieure.

À voir aussi sur Netflix

  • Dirty John – saison 1