Sous ses airs de drame rural et bienveillant, Indociles (titre original : Wayward) avance masquée. Une ville en apparence tranquille, un couple fraîchement débarqué, deux adolescentes brisées par un système éducatif autoritaire… et puis, lentement, tout se fissure. Le 25 septembre 2025, Netflix dévoilera cette mini-série aussi douce en surface que dérangeante dans ses soubassements. Créée par Mae Martin (déjà salué·e pour Feel Good), cette fiction tordue mélange thriller, horreur sociale et satire générationnelle. Toni Collette, elle, y incarne une figure d’autorité glaçante, chantant In the Pines sur des images qui transpirent l’angoisse.
Un conte pastoral au parfum toxique
Tall Pines. Une bourgade aux allures de refuge, avec ses champs dorés, ses maisons boisées, ses visages accueillants. C’est là qu’Alex Dempsey (incarné·e par Mae Martin), jeune policier en mutation, débarque avec sa compagne enceinte (Sarah Gadon). Un couple propre sur lui, prêt à se fondre dans une communauté exemplaire.
Mais rapidement, les adolescents du coin troublent le tableau. Deux lycéennes, Abbie (Sydney Topliffe) et Leila (Alyvia Alyn Lind), issues d’un internat pour “jeunes difficiles”, cherchent à s’échapper. L’académie en question – Tall Pines Academy – est dirigée d’une main de fer par Evelyn Wade, interprétée par une Toni Collette glaçante de retenue.
Les trois outsiders se croisent, s’observent, s’allient. En toile de fond : une ville rongée par un secret ancien, des violences institutionnelles maquillées en bienveillance, et une atmosphère de cloître inquiétant, à mi-chemin entre Big Little Lies et Get Out.
Derrière l’horreur : une satire acide du monde adulte
Indociles ne joue pas la carte de l’horreur explicite. Ce qui dérange ici, c’est la façon dont les adultes s’arrangent pour étouffer la parole des ados, tout en se convainquant qu’ils agissent “pour leur bien”. C’est aussi une série sur le renoncement : comment des figures naguère révoltées finissent par devenir les gardiens d’un ordre qu’elles détestaient.
Mae Martin ne s’en cache pas : iel s’inspire de sa propre adolescence cabossée, et de l’enfermement psychologique imposé aux jeunes dans les années 2000. “J’ai toujours voulu écrire quelque chose sur cette période, mais en y injectant un élément de genre. Indociles, c’est une sorte de Booksmart qui aurait mal tourné dans Vol au-dessus d’un nid de coucou.”
Une distribution qui sonne juste dans la fausse note
En plus de Toni Collette, toujours remarquable quand il s’agit de jouer avec la frontière entre autorité et folie (Hérédité, United States of Tara), la série réunit Sarah Gadon (Alias Grace), Patrick J. Adams (Suits), Brandon Jay McLaren (Graceland), et une troupe adolescente étonnamment juste.
On retiendra surtout le duo central Topliffe / Lind, deux jeunes actrices dans des rôles complexes, ni héroïques ni victimaires. Leur amitié sert de fil rouge à cette traversée entre mensonges collectifs et lucidité adolescente.
Derrière la caméra, une équipe qui dérègle les conventions
Le showrunner Ryan Scott (co-auteur de Youngers) co-pilote cette entreprise hybride avec Mae Martin. À la réalisation : Euros Lyn (Heartstopper), Renuka Jeyapalan (Sort Of) et John Fawcett (Orphan Black), qui insufflent au récit une respiration étrange, entre contemplation et dérèglement progressif.
Les références ? Girl, Interrupted, The OA, mais aussi Fargo pour le mélange de ton. Car Indociles ne s’interdit pas l’humour sec, ni les dialogues qui piquent sous leur politesse apparente.
Ce qu’il faut savoir
Titre original : Wayward
Titre français (provisoire) : Indociles
Date de sortie : 25 septembre 2025 sur Netflix
Nombre d’épisodes : 8 (mini-série bouclée)
Genre : Thriller horrifique, satire sociale
Créateur·ice : Mae Martin
Co-showrunner : Ryan Scott
Réalisation : Euros Lyn, Renuka Jeyapalan, John Fawcett
Avec : Mae Martin, Toni Collette, Sarah Gadon, Sydney Topliffe, Alyvia Alyn Lind, Patrick J. Adams, Brandon Jay McLaren
Produit par : Netflix, Spere Media, Objective Fiction