Il fut l’un des procès les plus médiatisés de l’après-Mai 68. L’affaire Goldman, avec son imbrication de politique, de racisme, de justice populaire et de zones d’ombre, revient hanter l’écran — cette fois, sur Netflix. Dès le 27 juillet 2025, la plateforme accueille Le Procès Goldman, long métrage de Cédric Kahn, présenté en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes à Cannes en 2023.
Un huis clos sous tension, entre mythe et mémoire
Le film se concentre presque exclusivement sur les trois jours du second procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche accusé de quatre braquages, dont un ayant coûté la vie à deux pharmaciennes à Paris. Bien que relaxé en première instance pour deux des affaires, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les autres. Ce deuxième procès, qui s’est tenu à Amiens en 1976, deviendra un moment clé de la justice française. Et de sa politisation.
Cédric Kahn choisit ici le dépouillement. Pas de reconstitution spectaculaire, pas de flash-back : la vérité se joue dans la parole, dans les silences, dans l’affrontement frontal entre l’accusé et ses juges. Une manière d’interroger, à travers la figure de Pierre Goldman, les failles de la justice et les fractures idéologiques de la France des années 1970.
Casting au cordeau
Dans le rôle principal, Arieh Worthalter (aperçu dans Girl ou Rien à foutre) livre une performance qui a frappé la critique : intègre, volcanique, parfois insaisissable, il incarne Pierre Goldman sans le sanctifier, ni l’accuser. À ses côtés, Arthur Harari (également scénariste) joue l’avocat Georges Kiejman avec une froideur méthodique, presque clinique. Un duo tendu, au service d’une mise en scène sans artifice.
Une réception critique très solide
À sa sortie en salles en 2023, Le Procès Goldman a immédiatement séduit la presse spécialisée. Cahiers du Cinéma saluait « une œuvre de conviction, qui politise sans dogmatisme ». Libération y voyait un film « tendu, frontal, qui oblige à écouter sans conclure trop vite ». Le public, lui, s’est déplacé en nombre pour un film d’auteur de ce genre, confirmant un regain d’intérêt pour les affaires judiciaires à valeur historique (Anatomie d’une chute, Saint-Omer…).
Un ajout stratégique pour Netflix
En intégrant Le Procès Goldman à son catalogue dès le 27 juillet, Netflix continue de muscler sa ligne “cinéma d’auteur européen”, et répond à l’appétit d’un public curieux de (re)découvrir des moments clefs de l’histoire contemporaine à travers la fiction. Une façon aussi de donner une seconde vie à un film qui interroge autant la mémoire que la justice elle-même.
FAQ
Qui est Pierre Goldman ?
Militant d’extrême gauche et intellectuel autodidacte, Pierre Goldman fut accusé de plusieurs braquages dans les années 1970. Il a toujours nié son implication dans celui ayant coûté la vie à deux femmes. Il a été assassiné à Paris en 1979 dans des circonstances jamais élucidées.
Le film est-il basé sur des faits réels ?
Oui. Le scénario s’appuie sur les archives du second procès de Goldman à Amiens, ainsi que sur les écrits de l’accusé, notamment Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France.
Est-ce un documentaire ou une fiction ?
Le Procès Goldman est une fiction, mais repose sur une documentation très rigoureuse. Aucun flash-back n’est utilisé : tout se joue dans la salle d’audience.
Qui a réalisé le film ?
Le film est signé Cédric Kahn, réalisateur notamment de Vie Sauvage, La Prière et L’Ennemi.
Quand sort le film sur Netflix ?
Il sera disponible le dimanche 27 juillet 2025 sur Netflix en France.