Quand le rêve d’explorer les abysses devient un cercueil pressurisé, que reste-t-il du génie visionnaire ? En juin 2023, la planète entière a les yeux rivés sur un point vide de l’Atlantique Nord. Un sous-marin expérimental, cinq passagers fortunés, et le silence glacial des profondeurs. Ce n’est pas un film. Ce n’est plus une simulation. C’est Titan. Et c’est désormais un désastre.
Le 11 juin 2025, Netflix revient sur cette séquence aussi absurde que tragique avec Titan: The OceanGate Disaster. Un documentaire qui ne se contente pas de reconstituer une disparition spectaculaire : il ausculte l’homme derrière l’engin, ses choix, son ambition, et l’effondrement d’un projet vendu comme révolutionnaire. Stockton Rush voulait briser les codes de l’exploration sous-marine. Il a surtout pulvérisé les limites de la prudence.
Stockton Rush : génie, gourou ou joueur de roulette russe ?
Stockton Rush n’avait pas le profil du milliardaire excentrique classique. Pas de fusée, pas de métavers. Son obsession à lui, c’était la mer. Et plus précisément : le Titanic, devenu pour lui un Graal touristique à 3 800 mètres sous la surface. Fondateur d’OceanGate, Rush rêvait de démocratiser l’accès aux abysses pour une clientèle haut de gamme, quitte à réécrire les règles de la sécurité en haute mer.
Le documentaire explore cette figure énigmatique, à mi-chemin entre l’entrepreneur de la Silicon Valley et le capitaine Nemo version start-up. À travers des témoignages exclusifs, des documents internes et des séquences filmées dès les débuts du projet, Titan: The OceanGate Disaster démonte une à une les croyances qui ont mené au drame.
Une technologie trop ambitieuse pour résister à la pression
Au centre du crash : un engin conçu pour aller là où la plupart des machines refusent de s’aventurer. Le Titan n’avait ni coque en titane, ni protocoles certifiés par les agences maritimes. Son originalité – et sa faiblesse fatale – résidait dans son coque en fibre de carbone, un matériau jamais utilisé à cette profondeur. Moins cher. Plus léger. Mais instable.
Des ingénieurs avaient alerté. Des experts avaient démissionné. OceanGate, pourtant, avait maintenu le cap. À mesure que les problèmes techniques s’accumulaient, le calendrier marketing, lui, ne ralentissait pas. Il fallait vendre, il fallait plonger, il fallait prouver.
Un désastre annoncé… et médiatisé en temps réel
Le 18 juin 2023, lors d’une plongée vers l’épave du Titanic, le Titan disparaît. L’alerte est donnée. Pendant quatre jours, la planète se passionne pour la recherche du sous-marin. Chaînes d’infos en boucle, rumeurs folles, mèmes absurdes… Le cirque médiatique s’emballe. Puis, le 22 juin, un robot détecte les restes de l’appareil. Les cinq passagers sont déclarés morts. L’implosion a été instantanée. Et, selon toute vraisemblance, évitable.
Témoignages, révélations, silences coupables
Le documentaire de Mark Monroe (Icarus, The Dissident) ne se contente pas de pointer du doigt un homme. Il trace le portrait d’un écosystème où l’ambition flirte avec la négligence, et où l’innovation justifie l’écartement des garde-fous. En accédant à des enregistrements inédits, des avertissements internes et des archives confidentielles, le film donne la parole à ceux qui ont tenté d’alerter – avant d’être écartés.
Monroe n’accuse pas, il contextualise. Et ce faisant, il dresse un constat amer : le Titan n’était pas seulement un engin fragile. Il était le fruit d’un récit collectif – celui de l’hubris technologique, des illusions d’invincibilité, et de la croyance dangereuse que l’on peut forcer la nature à plier.
À voir sur Netflix à partir du 11 juin
Le documentaire sera disponible en streaming mondial sur Netflix à partir du 11 juin 2025. Pas besoin d’aimer les documentaires de catastrophe pour s’y intéresser : Titan parle aussi d’un monde qui valorise la vitesse plus que la vérification, la performance plus que la prudence, et l’image plus que l’ingénierie.