Presque quarante ans après ses crimes, le nom d’Aileen Wuornos continue d’occuper une place à part dans la culture criminelle américaine. Prostituée itinérante devenue tueuse en série, son visage a hanté aussi bien les journaux que le cinéma — jusqu’à Monster (2003), qui valut un Oscar à Charlize Theron. Cet automne, Netflix s’apprête à raviver le mythe avec le documentaire Aileen : la demoiselle de la mort, disponible à partir du 30 octobre 2025.
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Réalisé par Emily Turner et produit par la BBC Studios Documentary Unit en collaboration avec NBC News Studios, le film revient sur le parcours d’une femme dont la trajectoire tragique défie toujours les cadres habituels du “true crime”.
Un portrait sans filtre, entre archives et témoignages inédits
Entre 1989 et 1990, Aileen Wuornos a assassiné sept hommes en Floride. Le profil de cette tueuse, unique dans les annales du crime américain, a fasciné les médias : une femme sans foyer, vivant de prostitution et de petits délits, revendiquant ses meurtres au nom d’une vengeance contre les hommes violents.
Le documentaire d’Emily Turner revisite cette histoire sous un angle différent : celui des voix restées dans l’ombre.
Grâce à des entretiens audio inédits, à des images d’archives rares issues des enquêtes de la journaliste Michele Gillen (Dateline NBC) et à des enregistrements de Wuornos elle-même en prison, le film redonne de la texture à un récit trop souvent réduit à une caricature de “monstre féminin”.
De la figure criminelle au miroir d’une époque
Née en 1956 dans le Michigan, Wuornos grandit dans un environnement marqué par la violence familiale, avant de fuir à l’adolescence. Sans attaches, sans ressources, elle erre sur les routes d’Amérique jusqu’à la Floride, où elle s’enfonce dans un cycle de survie et de prostitution.
Son arrestation en 1991 met fin à une traque médiatisée, mais ouvre surtout un débat qui dépasse son seul cas : celui de la représentation des femmes violentes, souvent traitées comme des anomalies sociales plus que comme des produits de leur environnement.
En replaçant Wuornos dans le contexte de son époque — celui d’une Amérique puritaine, fascinée par la criminalité et la morale — le documentaire propose une lecture plus nuancée : Aileen Wuornos comme symptôme autant que cause.
Une plongée dans l’histoire du “true crime” contemporain
Avec ce nouveau film, Netflix poursuit sa série de portraits de figures criminelles devenues icônes culturelles : après Dahmer, Ted Bundy: Falling for a Killer ou The Times Square Killer, la plateforme explore ici le versant féminin du mythe du tueur en série.
Mais Aileen : la demoiselle de la mort s’inscrit dans une approche plus journalistique que sensationnaliste. Emily Turner, réalisatrice britannique spécialisée dans les récits de justice et d’inégalité, s’appuie sur des documents issus des archives judiciaires et médiatiques de l’époque pour reconstituer la trajectoire d’une femme à la fois victime et bourreau, marginale et symbole.
Le documentaire évite la glorification : il met en lumière le poids du système, les angles morts de la couverture médiatique et les ambiguïtés d’une société fascinée par les monstres qu’elle engendre.
Date de sortie et production
Titre : Aileen : la demoiselle de la mort (Aileen : Queen of the Serial Killers)
Réalisation : Emily Turner
Production : BBC Studios Documentary Unit / NBC News Studios
Durée : long-métrage documentaire
Sortie : 30 octobre 2025 sur Netflix (monde)
Une légende américaine réexaminée
Qu’on la considère comme une victime du système ou comme l’incarnation du mal, Aileen Wuornos continue de diviser.
Près d’un demi-siècle après ses crimes, Aileen : Queen of the Serial Killers s’annonce comme une relecture froide, méthodique et humaine d’un dossier devenu mythe.
Loin du sensationnalisme, Netflix semble ici vouloir poser une question dérangeante : que dit Aileen Wuornos de nous, de notre justice et de notre fascination pour le crime ?