Dans un monde où l’action spectaculaire domine l’écran, Netflix prend le contre-pied avec Train Dreams, adaptation intimiste de la nouvelle de Denis Johnson, mise en images par Clint Bentley (Jockey, Sing Sing). La bande-annonce, tout juste dévoilée, laisse entrevoir une chronique âpre et contemplative, celle d’un homme qui regarde passer le train du progrès sans jamais en devenir le moteur. Sortie prévue le 21 novembre sur la plateforme.
Une vie modeste dans l’ombre des grands récits
Robert Grainier, incarné par Joel Edgerton, est un ouvrier parmi tant d’autres au tournant du XXe siècle, dans les forêts encore indomptées du Nord-Ouest américain. Il n’invente rien. Il ne fait pas la guerre. Il ne sauve personne. Il construit des voies ferrées, coupe du bois, tente de comprendre le monde qui change autour de lui. Loin de la geste héroïque, Train Dreams est un film sur ceux dont les noms ne figurent dans aucun livre d’histoire, mais dont l’existence est faite de silences éloquents et de gestes simples.
Autour de lui gravitent Felicity Jones, dans le rôle de Gladys, sa femme et ancrage émotionnel, Kerry Condon, William H. Macy, et une galerie de figures secondaires taillées dans la glaise et la solitude. Will Patton assure la voix-off, comme un écho venu d’un temps révolu.
Une adaptation fidèle à l’esprit Denis Johnson
Le réalisateur Clint Bentley s’est entouré de Greg Kwedar, déjà co-auteur de Sing Sing, pour adapter cette courte œuvre littéraire culte publiée dans The Paris Review en 2002 puis rééditée en 2011. Ensemble, ils prolongent une esthétique de la lenteur habitée, du temps qui s’écoule sans fracas mais laisse des marques, de cette américanité perdue que les rails n’ont jamais su recouvrir tout à fait.
Dans une interview à Tudum, Bentley confie :
« C’est l’histoire d’un homme dont la vie est ordinaire, mais profondément dense. Elle m’a rappelé des membres de ma famille, et ce que c’est que de vivre sans laisser de trace spectaculaire, tout en ayant aimé, perdu, construit. »
Une traversée du siècle entre feu et brouillard
Film sur la mémoire et l’effacement, Train Dreams n’est pas qu’un hommage à la nature ouvrierère : c’est aussi une réflexion sur la place laissée à ceux qui ne s’adaptent pas, sur les formes discrètes de résistance face à l’accélération industrielle. À travers ses paysages brumeux et ses clairières brûlées, le film convoque autant Terrence Malick que Kelly Reichardt, dans une veine naturaliste jamais démonstrative.
La musique, le montage et les décors semblent jouer avec l’absence : pas de grandes envolées ici, mais une densité souterraine, un regard mélancolique sur un monde en train de disparaître.
Informations pratiques
Titre : Train Dreams
Réalisation : Clint Bentley
Scénario : Clint Bentley & Greg Kwedar
Adapté de : la nouvelle de Denis Johnson
Avec : Joel Edgerton, Felicity Jones, Kerry Condon, William H. Macy
Sortie Netflix : 21 novembre 2025
Durée : 1h 41 min
Production : Marissa McMahon, Teddy Schwarzman, Edgerton…