Depuis sa mise en ligne le 2 mai 2025 sur Netflix, Bad Boy, série israélienne portée par la plume de Ron Leshem (Euphoria) et la mise en scène de Hagar Ben-Asher, a trouvé un public plus large que prévu. Bien qu’initialement passée sous les radars médiatiques, la série s’impose peu à peu comme une œuvre à part, flirtant avec l’autobiographie, le récit carcéral et le stand-up introspectif. Une trajectoire atypique pour une production Netflix, qui soulève désormais une question légitime : la plateforme donnera-t-elle une suite à ce projet singulier ?

Une série sans fioritures, mais pas sans retentissement

Inspirée de la jeunesse tourmentée de l’humoriste israélien Daniel Chen, Bad Boy ne cherche ni l’épate visuelle ni l’effet de manche narratif. Huit épisodes suffisent à poser les jalons d’une fiction où la violence institutionnelle se heurte à la résilience par le verbe. Dean Scheinman, adolescent incarcéré à 13 ans, traverse l’univers fermé d’un centre pénitentiaire pour mineurs, protégé non pas par sa force, mais par son humour — arme de survie plus que posture comique.

La série alterne passé et présent : la prison comme matrice de souffrance, la scène de stand-up comme exutoire. Ce double niveau de lecture confère à Bad Boy une densité peu commune pour une série Netflix à format court. Mais cette construction laisse-t-elle de la place pour une suite ?

Une saison 2 : silence radio, mais portes entrouvertes

À l’heure actuelle, Netflix n’a communiqué aucune décision officielle quant au renouvellement de Bad Boy. Un silence stratégique ? Peut-être. Plus vraisemblablement, un signe de prudence. Comme souvent avec les productions internationales, la plateforme attend sans doute de disposer de données consolidées sur la réception globale avant d’investir dans une suite.

Certains observateurs — notamment TheReviewGeek — jugent peu probable un renouvellement, estimant que la série se suffit à elle-même. D’autres relèvent au contraire que l’accueil critique est plutôt favorable, et que l’intérêt du public pourrait surprendre. Reste que la production n’a bénéficié d’aucune campagne de promotion d’envergure, ce qui ne joue pas en sa faveur dans l’univers algorithmique de Netflix.

Une fin qui laisse une marge d’interprétation

Le dernier épisode ne clôt pas le récit de façon hermétique. Au contraire, la scène finale, où Dean se produit sur scène face à un public composite (dont Zorro, figure marquante de son incarcération), introduit une forme d’ambiguïté : assiste-t-on à un flashback, un fantasme, un hommage ? La frontière entre réel et projection mentale s’efface, offrant une sortie de route ouverte — ni fin heureuse, ni tragédie définitive.

Ce flou final nourrit l’idée qu’une suite pourrait se construire non pas sur la continuité, mais sur la variation. À condition, toutefois, d’accepter un changement de focale.

Pistes narratives pour une suite possible

Si saison 2 il y a, elle ne saurait se contenter d’un simple prolongement des enjeux déjà posés. Dean, désormais adulte et reconnu, pourrait être rattrapé par :

  • d’anciens codétenus, notamment Zorro, dont la trajectoire reste en suspens,
  • des conflits familiaux inexplorés, notamment autour de sa mère ou de son frère,
  • un nouvel enfermement, symbolique ou social, lié à son statut d’humoriste à succès.

Autre option plus audacieuse : déplacer le centre de gravité de la série sur un autre personnage du centre de détention, en miroir ou contrepoint à Dean. Une manière de conserver la tonalité grinçante et introspective de la série sans l’épuiser dans un récit linéaire.

Une série condamnée à n’avoir qu’une saison ?

Il n’est pas rare que Netflix transforme ses productions non-anglophones en œuvres “à usage unique”, même lorsque celles-ci suscitent un intérêt réel. Le manque de communication autour de Bad Boy, conjugué à l’absence d’annonce officielle de renouvellement, peut être interprété comme un signal négatif. Néanmoins, certains projets ont été renouvelés plusieurs mois après leur diffusion initiale (Lupin, Alice in Borderland, etc.), parfois sous la pression d’un bouche-à-oreille tardif.

En l’état, Bad Boy appartient à ces objets narratifs qui refusent le spectaculaire mais installent, à bas bruit, une atmosphère tenace. Si Netflix décide de passer son tour, la série n’en souffrira pas forcément. Elle rejoindra alors le cercle restreint des œuvres qui préfèrent le silence aux rebondissements de trop.