Elles ont été écrites à l’encre du doute et de l’adolescence, puis scellées dans le silence du temps : les lettres de la série turque Les lettres du passé, mise en ligne le 23 juillet sur Netflix, réveillent autant de souvenirs que de questions. Notamment celle-ci : la série, pensée comme une mini-série, connaîtra-t-elle une suite ?
Une série refermée… mais pas verrouillée
Au premier abord, Les lettres du passé déploie un récit bouclé. Huit épisodes pour suivre le cheminement d’Elif, jeune femme qui découvre en 2023 des lettres écrites par d’anciens lycéens deux décennies plus tôt. En décidant de les renvoyer à leurs auteurs, elle déclenche une cascade de révélations où se mêlent secrets de famille, douleurs étouffées et destins suspendus.
L’intrigue trouve sa résolution, du moins en surface. Mais plusieurs pistes narratives restent sous-exploitées : certains anciens élèves n’ont pas été retrouvés, d’autres lettres sont encore scellées. Et Elif, figure centrale, n’a pas encore vraiment confronté toutes les zones d’ombre liées à sa propre filiation. De quoi alimenter, en filigrane, la possibilité d’un second chapitre.
Netflix entretient (pour l’instant) le flou
À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune saison 2 n’a été commandée. Netflix classe officiellement la série comme une série limitée, ce qui en limite théoriquement la durée de vie à une seule saison. Mais l’histoire de la plateforme est jalonnée d’exceptions.
Le site spécialisé The Review Geek le rappelle : la fin de la série laisse la porte entrouverte, sans forcément l’envisager comme un appel à continuation. Pour que Netflix fasse machine arrière, il faudra que Les lettres du passé affiche de solides performances – en audience mais aussi en taux d’achèvement (le pourcentage d’abonnés qui visionnent l’intégralité des épisodes).
Une suite, oui, mais pourquoi faire ?
Sur le plan narratif, une saison 2 aurait du sens si elle se repositionnait sur un nouveau cycle de lettres non distribuées ou sur une autre génération de personnages confrontés à leurs secrets. Elle pourrait aussi faire le choix du contrechamp : montrer comment ces courriers oubliés ont bouleversé durablement leurs destinataires, plusieurs mois plus tard.
Mais cela nécessiterait de rompre avec la beauté fragile du format initial : une série feuilletée, discrète, ancrée dans la tension intime du souvenir. Le risque serait de diluer l’impact émotionnel pour céder à une mécanique plus télévisuelle.
Un succès en construction
La série ne bénéficie pas encore d’un buzz massif, mais elle commence à s’imposer dans plusieurs top 10 locaux, notamment en Turquie, en France et en Allemagne. Le jeu d’acteurs (Gökçe Bahadır, Onur Tuna, Selin Yeninci, Güneş Şensoy) et la mise en scène sobre ont été salués sur les réseaux, tout comme la finesse de l’écriture signée Rana Denizer.
Reste à savoir si ce frémissement suffira à inverser la logique éditoriale de Netflix, qui a tendance à considérer les séries turques comme des formats conclusifs, à l’exception de rares blockbusters.
En résumé
Statut officiel : aucune saison 2 annoncée
Format actuel : mini-série de 8 épisodes
Public visé : amateurs de récits émotionnels, intergénérationnels, non linéaires
Potentiel de suite : scénaristiquement plausible, mais peu probable sans succès massif
Netflix observe : performances en cours d’analyse, rien n’est encore tranché