Propulsé sur Netflix depuis le 9 octobre 2020, le second opus de la série d’anthologie The Haunting nous amène à Bly Manor, manoir anglais où se sont cristallisés de bien tragiques événements, décennies après décennies sur la base d’un traumatisme familial.

Loin de l’univers de The Hill House et sans doute plus tendre et tourné vers la psychologie de ses protagonistes, la série demeure tout aussi complexe et soigneuse dans sa réalisation.

L’épisode 8 en constitue la pierre angulaire. 

L’épisode jumeau des “Deux tempêtes” (Hill House)

Le génie de Mike Flanagan n’est d’ailleurs plus à prouver : on se souvient tous de l’épisode 6 de The Haunting of hill House et de son incroyable plan séquence de 18 minutes. Un one shot que le créateur semble vouloir réitérer d’une manière plus intime et romancée dans l’épisode 8.

Intitulé “Histoire singulière de quelques vieux habits“, ce chapitre de Bly Manor est bouleversant à bien des égards : il donne un visage profondément humain à la dame du Lac. Il y explore le sentiment poignant du chagrin et crée une mythologie saisissante autour de son personnage. 

the haunting of bly manor episode 8 1100x619 - The Haunting of Bly Manor : histoire singulière de l'épisode 8 et portrait bouleversant de la dame du Lac

 

Inspiré d’une nouvelle d’Henry James

Ce chapitre qui fonctionne de manière complètement autonome nous ramène au milieu du 17ème siècle pour raconter la malédiction de Viola. L’histoire s’inspire une nouvelle fois de l’oeuvre d’Henry James. La nouvelle porte d’ailleurs le même nom. Au travers de cette histoire, l’on retrouve les thèmes de prédilections du réalisateur : le poids du passé sur le présent, les sentiments refoulés qui reviennent nous hanter, la toxicité de certaines histoires d’amour…

Brillant hommage au cinéma d’horreur des années 60

Mais Mike Flanagan ne se contente pas de révéler l’histoire de fantômes qui siègent à Bly et qui sont emportés dans la gravité de Viola. Il offre une romance gothique qui par son jeu de noir et de blanc constitue aussi un brillant hommage au cinéma d’horreur. Il évoque d’ailleurs avoir voulu revenir, grâce à cet épisode, aux films du début des années 60. Il cite Robert Wise (réalisateur de La maison du diable) et une référence en particulier : “Les Innocents” de John Clayton.

the innocents - The Haunting of Bly Manor : histoire singulière de l'épisode 8 et portrait bouleversant de la dame du Lac

Pouvoir de narration et mouvement musical

La tension dramatique est également accentuée par la bande originale écrite par The Newton Brothers, groupe connu pour ces multiples collaborations avec le réalisateur de Docteur Sleep. Le titre “Beginning of the end” emporte dans son sillage le rythme inébranlable de l’histoire : une redondance,  une obsession,  qui à force de se répéter inexorablement finit par en perdre de son essence. 

La narration impeccablement dictée par Carla Gugino se lit, elle aussi, comme une incantation. “sleeping, waking, walking… and forgetting”.

D’une beauté mélancolique mais d’une beauté… parfaitement splendide.